
Les voitures anciennes ont-elles un futur ?
Véhicules anciens. Pour les propriétaires de véhicules de collection, toujours plus nombreux dans l'Hexagone, l'avenir s’annonçait problématique. Mais des réponses apparaissent.
Avec quelque 125 000 visiteurs - et une journée record en termes d'affluence le samedi -, le 47° salon Retro- mobile qui s'est déroulé sur cinq jours la semaine dernière a Paris a rencontré un franc succès. II faut aussi voir la ferveur qui entoure les plus grands rassemblements, a l'image de Le Mans Classic qui, en juillet, pour sa 11e Edition, devrait attirer plus de 200 000 spectateurs et 8 500 véhicules de collection. Devant la passion qui anime les amateurs, on constate combien les véhicules anciens font toujours rêver.
Oui mais, avec les nouvelles règlementations - à commencer par la fin des moteurs thermiques prévue en 2035 et le développement des zones à faible émission (ZFE) dans lesquelles, à partir de 2025, seuls pourront circuler les véhicules aux vignettes Crit'Air vertes, 1 ou 2 -, les voitures anciennes pourront-elles encore rouler longtemps ? Car, même si celles-ci ne représentent que 2,5 % du parc automobile français, la question de leur avenir inquiète le petit monde des passionnes.
Une vignette spécifique
« II faut bien mesurer que les distances parcourues annuellement sont faibles, explique Patrick Rollet ancien président de la Fédération internationale des véhicules anciens (Fiva) : 1071 km pour une voiture, 617 pour une moto. Et que 20 %, en restauration ou en maintenance, ne font aucun kilomètre par an. » Quant à l'accidentologie, elle est aussi particulièrement basse : 3 % des propriétaires ayant un accident par an s'apparentant à de la bobologie pour mécanique.
Pour que la passion survive et que ces véhicules continuent à circuler même dans les ZFE, une vignette spécifique est en cours de création avec les pouvoirs publics. Elle serait délivrée aux voitures de plus de trente ans ayant une carte grise de collection remise sur dossier à un véhicule en état historique jugé correct et dont l’usage n'est pas quotidien. A plus long terme se posera aussi la question de la fourniture en carburant. Des tests sont menés actuellement avec des développements de e-fuel (carburants de synthèse), qui s'avèreront forcément plus onéreux que ceux disponibles aujourd'hui.
De surcroît, ces véhicules représentent un poids économique estimé à 4 milliards d''euros par an (source : Fiva) et feraient vivre 20 000 personnes. Randonnées touristiques, rassemblements, rallyes historiques, musées, partages de passion et de compétence, ii ne faut évidemment pas écarter le poids patrimonial.
« Un partenariat culturel a été passé en ce sens entre l'Unesco et la Fiva, précise Patrick Rollet. L'image des véhicules anciens est aussi très bonne. Dans nos études, on relève uniquement 2 à 5 °/o des personnes interrogées s'affichant comme des « antis ». »
Et n'allez pas croire qu'il s'agit d'une passion de nantis - vision brouillée par les ventes aux enchères qui battent record sur record pour des machines d'exception -, car la valeur moyenne des véhicules existants en France est de 21 680 €.
« En 1898, conclut Patrick Rollet, se tint a New York un colloque international sur les nuisances liées au crottin. Plus de 100 000 chevaux en sillonnaient les rues quotidiennement et, sachant qu'un animal en produit onze kilos par jour, le crottin était un fléau sanitaire, comme dans toutes les villes du monde. De cette réunion ne sortit aucune réponse satisfaisante. Aujourd'hui, dans l'Etat de New York vivent encore autant de chevaux. Mais ils sont récréatifs. C'est ainsi qu'il faut considérer les véhicules anciens. [...] Oui, ils ont un futur. Un avenir qui n'est pas urbain, un avenir de loisir et de plaisir. »
Philippe JOUBIN.